Je me suis réveillée cette nuit, angoissée par le nombre de livres que je voulais lire et le fait de ne pas savoir lequel choisir. Commencer par Le Fantôme et Mrs Muir de R.A. Dick, petite sucrerie vintage ? Ou entamer l’autobiographie de Harpo Marx ? (Jack White a dit une fois que c’était son livre préféré, Goodreads semble d’accord.) Non, embrayer sur le quatrième volume du Dit de la Terre Plate de Tanith Lee, une série qui en compte cinq et que je me suis promis d’avoir lue cette année ? Ou encore… il y en a tellement, tellement, tellement. Oh et puis c’était futile, on prendra le premier qui nous tombera sous la main au matin. Retournons dormir.
(Et parfois il y a des cauchemars, mais pas cette nuit. Juste quelques bruits de pas et de meubles. Si un jour je dors dans une maison hantée, je n’aurais pas peur une seconde : je demanderai plutôt au fantôme s’il peut me laisser dormir tranquille, merci beaucoup. Va jouer ailleurs, je te chanterai des chansons demain soir si tu veux.)
Depuis peu, j’ai repris les bonnes habitudes, à savoir me lever tôt le matin avant de partir travailler. L’objectif étant bien entendu de pouvoir écrire et inventer des choses. Le soir, je suis en général trop fatiguée pour ça, et mon envie primaire consiste tout bêtement à dévorer des bouquins ou à découvrir des films. J’ai perdu trop de temps. D’un côté, on connaît tous des phases de stress, d’angoisse, ou tout simplement de panne d’inspiration. C’est normal de ne pas avoir envie d’écrire, de lire, de juste… se poser un instant. Sauf qu’une fois cette période passée, j’ai tendance à la regarder avec recul et à me dire : bon sang, quel temps perdu. J’ai encore tellement de trucs à faire après, et il y a la mort au bout du chemin et tu as déjà 27 ans. Grouille-toi. (C’est excessif, j’en conviens. Je me soigne.)
Anna Akana disait dans sa dernière vidéo qu’au lieu d’envier les personnes qu’on admire en lisant les sites internet et en errant sur Instagram et Twitter, il suffisait de tout fermer pour aller mener la vie qu’on voulait. Sa vidéo est sortie au moment exact où je pensais qu’au lieu de me plaindre de ne pas être aussi productive que mes Maîtres, j’allais vraiment me mettre un coup de pied aux fesses. Autrement, en continuant à ce rythme, j’allais arriver à 80 ans, toujours geignante, en train de dire : Ooooh si seulement j’avais fait ça. J’espère toujours que ce jour n’arrivera jamais.
Je fais partie de ces gens qui ont besoin de restrictions et de consignes ultra-sévères pour avancer et ne pas partir dans tous les sens. Par négligence ou optimisme, que sais-je, j’en avais laissé tomber la plupart un peu avant l’été. Résultat, les histoires n’avancent point. Du. Tout. Les idées restent à l’état de brouillons sur des carnets. DONC. Puisqu’il me fallait des consignes encore plus drastiques, autant mettre la barre au-dessus. Réveil à 6h30 quoi qu’il arrive, vision board comme fond d’écran. (Ma sœur a écrit un très bon article sur le vision board, qui m’a été utile. L’astuce consiste à réunir des images symbolisant vos objectifs, à les assembler sur un tableau et à les mettre en fond d’écran, histoire que les idées s’impriment bien dans votre tête.) Oh et emploi du temps réglé heure par heure – il n’est pas encore au point, j’y travaille. Est-ce que c’est quasi monastique ? J’aimerais que ça le soit. J’aimerais que ça le soit.
On va dire que ça va marcher. Ça marchera.
Je lis toujours un bouquin par semaine. L’écueil que j’ai rencontré cette année étant le suivant : j’ai envie de lire tant de choses, et je me lasse si vite, que j’ai abandonné beaucoup trop de livres en cours de lecture, avec dans l’idée de les finir plus tard. (Certains ont été finis. Le dernier en date étant une autobiographie commencée en août, abandonnée, puis terminée cette semaine.) Et il y a aussi ce truc du livre qui paraît alléchant, mais ne l’est pas autant que vous l’imaginiez en lisant le résumé, ou que quand on vous en a parlé.
En tout cas, je dors nettement mieux depuis que j’ai commencé à mettre en place de nouvelles contraintes. (Les cauchemars ne comptent pas. On parle bien du fait de s’endormir aussitôt que les lumières sont éteintes.) Et aussi depuis que j’ai recommencé à griffonner des histoires au stylo. Ça me manquait, et c’était la raison toute bête pour laquelle un de mes projets d’histoire courte n’avançait pas : l’ordinateur, ça va bien cinq minutes. Rien ne vaut une main tachée d’encre et des ratures sur un manuscrit !
Enfin. Suite au prochain épisode. Les maîtres mots étant rigueur et travail. (On bannit les pleurs et les grincements de dents, comme dirait l’autre.) (C’est une expression biblique, je viens de découvrir qu’il en existait 13 avec « grincements de dents ». Marrant.)
En avant toutes.
J’en profite pour glisser ici que vous pouvez écouter et/ou télécharger le podcast de Dans Tes Oreilles, l’émission de Radio Canut où j’ai été invitée le mois dernier pour parler de mon travail d’écrivain. C’était un honneur d’y être, et un beau moment aussi.