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Posts Tagged ‘lorde’

J’ai souvent dit que les filles ne m’intéressaient pas. Et ce blog en est la preuve : j’ai dû consacrer un seul article à une femme depuis sa création. Les figures qui m’inspirent ont toujours été des figures d’hommes, depuis que je suis consciente de les avoir érigées en modèles. Depuis peu, il semblerait que la donne soit en train de changer. Une fois n’est pas coutume, cet article portera donc uniquement sur des figures féminines. Voici les femmes que je me donne pour modèles, sources d’inspiration ou plus simplement, sujets d’admiration. En ces temps troublés, j’aime à savoir qu’il existe des femmes qui inventent des choses et qui savent où elles vont. (C’est du moins l’impression qu’elles donnent, ce qui est déjà bien.) J’ai le sentiment qu’on ne médiatise pas assez les femmes qui créent, qu’elles soient artistes ou savantes. Ça changera.

RUTH WILSON

Ruth-WilsonJ’ai découvert Ruth Wilson dans la série Luther, où elle jouait la géniale – et parfois flippante – Alice Morgan dont j’ai déjà parlé. Le pilote de la série fait sans doute partie des épisodes que j’ai le plus vus toutes séries confondues. La dame m’a tellement impressionnée que j’ai jeté un œil à sa filmographie : c’est ainsi que j’ai vu Jane Eyre (2006), où elle campe l’héroïne de Charlotte Brontë avec un naturel et une fougue désarmants. Je ne vais pas réciter toute sa carrière, au demeurant très intéressante. Les lecteurs de ce blog le savent : j’ai toujours eu un faible pour les personnes multi-fonctions. Ruth Wilson ne fait pas exception à la règle. En plus d’alterner les tournages et les représentations théâtrales, la dame est aussi metteuse en scène : elle a dirigé et interprété trois petites pièces d’Eugene O’Neill en 2013 et ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Elle travaille aussi à un scénario sur la vie de son grand-père, qui a été écrivain et agent secret. Wilson est d’une grande intelligence, et fait preuve d’une maîtrise d’elle-même que ses interviews démontrent assez bien. Je vous mets un lien vers l’excellent portrait que lui a consacré le Guardian en 2013 (tellement bon, en fait, qu’il a figuré dans leur top des meilleurs portraits publiés par le journal cette année-là). A un journaliste qui lui demandait s’il lui arrivait d’être angoissée, la dame a calmement répondu qu’elle n’en avait pas le temps.

Ruth Wilson, tu es mon héroïne !

ANNA CALVI

annacalvi1Personne ne chante le désir comme Anna Calvi. Un jour de 2011, je me suis retrouvée à la Fnac en train d’écouter les nouveautés musicales avec les énormes écouteurs mis à disposition. Quelqu’un s’était trompé en attribuant des albums aux mauvaises pochettes. Résultat, en appuyant sur celle de je ne sais plus quel groupe, je me suis retrouvée à écouter un morceau de guitare qui m’a envoûtée immédiatement. Les morceaux suivants étaient chantés par… une femme ! Le vendeur avait inversé l’album que je voulais écouter avec celui d’Anna Calvi, dont la pochette se trouvait juste au-dessus. J’ai été conquise, et Calvi m’avait bien eue. A force d’être évoquée dans tous les journaux culturels, l’Anglaise avait suscité chez moi une certaine méfiance. A tort : son premier album est un de ceux que j’ai le plus écoutés cette année-là, et que je réécoute régulièrement. (Soyons clairs : j’ai beaucoup aimé l’EP et l’album qui ont suivis.) J’admire Anna Calvi pour son charisme presque viril, qui est renforcé par ses tenues de scènes. A côté de ça, elle est d’une sensualité folle et fait preuve d’une grande féminité dans ses paroles et son chant. Une atmosphère très cinématographique, nocturne et sensuelle se dégage de sa musique.

Anna Calvi, c’est une petite femme cultivée, timide, dotée d’une voix minuscule quand elle parle mais qui se transforme en ouragan sur scène, et qui a maintenu un voile complet sur sa vie privée. J’aime son écriture, sa musique, son jeu de guitare et cette merveilleuse vidéo où elle improvise un solo devant une toile de Turner :

LORDE

lordeY en a pas que pour les Anglaises, hein. En l’occurrence, Lorde est Néo-zélandaise et je me suis familiarisée avec sa musique il y a relativement peu de temps. Je me souviens avoir pensé que Royals était un des singles les plus chouettes que j’avais pu entendre à la radio (dans un bus, en plus) depuis longtemps. C’était dépouillé et d’autant plus gonflé. Après être passée par plusieurs phases allant de « son jeu de scène est bizarre » à « j’aime bien ses cheveux » (réflexions profondes s’il en est), je me suis retrouvée à écouter son album par un bel après-midi. Que j’ai réécouté. Et réécouté. Là encore, j’aime bien la demoiselle pour son écriture – sa maman est poétesse, j’imagine qu’un truc s’est transmis. J’aime ses cheveux. La gamine a dix-huit ans, elle a une véritable présence scénique et elle tient tout un concert avec seulement deux musiciens et une scénographie simplissime. Elle répond avec aplomb en interview et n’hésite jamais à dire ce qu’elle n’aime pas (quitte à critiquer ses aînés). Je l’apprécie pour son intelligence, son charisme et le fait qu’elle ait géré si jeune la direction artistique de la BO du troisième Hunger Games. Dans un autre genre musical, elle me fait un peu penser à Kate Bush jeune, qui écrivait sa musique, collaborait avec les grands (coucou David Gilmour) et dansait bizarrement elle aussi. Je suis curieuse de voir comment Lorde va évoluer.

En bonus, je ne peux pas ne pas évoquer brièvement trois femmes trépassées que j’admire. Je me serais sentie coupable de ne pas les mentionner.

Hedy Lamarr, actrice hollywoodienne le jour et superhéroïne qui va chasser les nazis la nuit (j’exagère à peine). Elle était aussi mathématicienne, inventrice de génie (on lui doit le système d’étalement de spectre, utilisé dans la technologie Wi-Fi) et l’amante de nombreux acteurs célèbres. C’est d’elle que l’illustrateur Bob Kane s’est inspiré pour créer Catwoman. L’aventure de Lamarr avec cet autre génie d’Orson Welles me fascinera toujours. Je ne cesse de m’interroger sur ce qu’ils ont pu se dire !

ada lovelace

Ada Lovelace

Ada Lovelace : Lord Byron n’aura jamais su qu’il était le père d’un génie en puissance. Encouragée par sa mère qui voulait à tout prix que sa fille ne soit jamais atteinte de la même « folie » que son poète de père, Ada a appris les mathématiques très tôt. Ce qui ne l’a pas empêchée d’être mêlée à quelques scandales… Tel père, telle fille. La malicieuse Ada était une femme extrêmement cultivée, et on la considère comme la première programmeuse de l’Histoire. Elle laisse derrière elle plusieurs écrits et une vie palpitante ! Coïncidence : elle est décédée au même âge que son père, à 36 ans. Malgré les efforts de sa mère, Ada a admiré Lord Byron toute sa vie et a demandé à être enterrée à ses côtés. Sacrée famille.

Hildegarde de Bingen : Une religieuse mystique qui avait plus d’un tour sous son voile. Au XIIème siècle, Hildegarde a été médecin et a inventé des remèdes, composé de la musique toujours jouée à l’heure actuelle, a créé son propre langage et sa propre écriture afin de retranscrire ses visions. Après sa mort, elle a été canonisée et nommée Docteur de l’Église. Tu. M’étonnes.

Voilà, c’est fait. Je ne peux plus dire que les femmes n’ont aucun intérêt pour moi, c’est officiellement faux.

hedy lamarr

Hedy approves.

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