Feeds:
Articles
Commentaires

Posts Tagged ‘nick cave’

L’idée de cet article m’est venue après une conversation que j’ai eue hier soir à propos du nouvel album de Lana Del Rey. J’ai découvert cet album par hasard, alors que j’étais en pleine lecture d’un roman. Et là, miracle inattendu : la musique collait parfaitement avec le texte et n’a fait qu’intensifier ma lecture.
Du coup, j’ai repensé aux expériences de lectures marquantes que j’avais pu avoir, parce qu’elles avaient été accompagnées par le bon disque. C’est une association très simple, en fin de compte. Mais parfois, elle peut précipiter le lecteur dans un voyage assez prenant. Pour ne pas dire dingue. Pour ne pas dire… Bon.

La sélection ci-dessous concerne aussi bien des romans que des comics. Les circonstances de chaque expérience ont été différentes : j’espère que ces souvenirs mis bout-à-bout vous amuseront. Qui sait ? Peut-être même qu’ils vous donneront envie de créer vos propres associations, si vous n’avez jamais joué à ce jeu.

EXPÉRIENCE N°1 : AU CŒUR DES TÉNÈBRES DE JOSEPH CONRAD AVEC PUSH THE SKY AWAY DE NICK CAVE

 

Tu parles d’un voyage. A la base, je voulais juste rendre la lecture de Conrad plus supportable en découvrant le dernier album d’un artiste que j’admire énormément. Je devais lire cette longue nouvelle pour la fac : le style de l’auteur est dense, le sujet d’une noirceur et d’un pessimisme rarement égalés dans l’histoire de la littérature. L’histoire de ce jeune homme qui remonte un fleuve au cœur de l’Afrique Noire sur les traces de Kurtz, un ambigu collecteur d’ivoire, peut s’avérer assez traumatisante. (Un critique lui trouvait un équivalent avec le roman graphique From Hell d’Alan Moore, et je suis assez d’accord avec cette comparaison.)

Une chronique disait que Push The Sky Away était parfait à écouter en lisant un livre. C’est vrai : l’album ressemble à une BO de film. Mais si le disque contient des chansons plus lumineuses que ce que Mr Cave peut faire d’habitude, d’autres sont extrêmement sombres. Lire le passage de l’incendie final et des visions hallucinées du héros en entendant la voix caverneuse de Nick Cave est inoubliable. J’ai mis plusieurs jours à m’en remettre et, encore aujourd’hui, je me souviens parfaitement de ce que j’ai ressenti.

Livre et album fini, je revenais de (très) loin.

EXPÉRIENCE N°2 : JOKER DE BRIAN AZZARELLO ET LEE BERMEJO AVEC WHIP IT ON DE THE RAVEONETTES

Sans doute une de mes lectures les plus mémorables – et une de mes préférées. J’ai toujours adoré Batman, surtout à cause de son univers. Après tout, Batman en tant que personnage n’en constitue qu’une partie, mais mettez l’homme chauve-souris, Arkham Asylum, les villains et de bons auteurs pour écrire dessus, ça donne un truc assez dingue. L’univers de Batman est mon préféré, de très loin, dans tous ceux proposés par les comics. Et depuis que je suis allée voir The Dark Knight au cinéma en 2008, le Joker fait partie des personnages qui me fascinent particulièrement. Depuis, je lis la plupart des comics qui « font » la mythologie du personnage. Joker de Brian Azzarello et Lee Bermejo en fait partie. Le Joker de ce comics présente des similitudes assez frappantes (jusqu’à son apparence), avec le personnage joué par Heath Ledger dans The Dark Knight. Les deux œuvres sont d’ailleurs sorties à quelques mois d’intervalles : on dit communément que les grands esprits se sont rencontrés.

C’est un récit de 128 pages à peine, que je recommande de lire d’un coup. L’histoire est assez simple : le Joker sort de l’un de ses énièmes séjours à l’asile d’Arkham et veut reprendre la main sur Gotham City, que les gangsters de la ville se sont partagée en son absence. Tous les événements sont montrés à travers les yeux de Johnny Frost, la petite frappe qui est venu le chercher à l’asile. Le récit, très violent, peut vraiment déranger. A ne pas mettre devant tous les yeux.

Une nuit, je me suis installée tranquillement dans ma chambre avec le livre et l’EP Whip It On des Raveonettes dans les oreilles. Huit chansons noires, addictives et parfois frénétiques ont défilé en boucle dans mes oreilles pendant que je suivais les aventures ultraviolentes du Joker au fil des pages.

Je connaissais déjà cet EP, et je pensais avoir choisi la bande-son idéale. Le résultat a dépassé mes espérances. Beat City en suivant le Joker dans les endroits les plus sombres de Gotham, bon sang, ça claque. Je suis sortie de ma lecture bizarrement envoûtée. J’avais été en immersion dans un univers pendant… combien de temps, au fait ?

EXPÉRIENCE N°3 :  LA ROUTE DE CORMAC MCCARTHY AVEC SONGS FOR THE DEAF DE QUEENS OF THE STONE AGE

Lire un roman apocalyptique dans les transports de bon matin avec Songs For The Dead dans les oreilles n’était probablement pas une bonne idée. Surtout le passage où le père et son fils découvrent la cave et ses prisonniers (ceux qui ont lu comprendront). Ceci dit, l’ambiance était inégalable.

EXPÉRIENCE N°4 : PRÉLUDES ET NOCTURNES DE NEIL GAIMAN AVEC BLACK HOLES AND REVELATIONS DE MUSE

S’il y a bien UN truc auquel la musique de Muse se prête, c’est la lecture de comics. C’est simple : dès Take A Bow, j’ai l’impression d’être au début d’un film de super-héros. Pas vous ? Les chansons Exo-Politics et Knights of Cydonia contiennent aussi leurs moments d’epic epicness. (Et Map of the Problematique, dammit!) En somme, rien de tel pour accompagner la quête de Dream (alias Morphée alias Sandman alias l’un des Sept Éternels) à la reconquête de son royaume et de ses pouvoirs après des années d’emprisonnement.

J’ai beaucoup de mal, en général, avec les dessins de la série Sandman. Mais l’écriture de Neil Gaiman est tellement géniale que je veux bien faire un effort – et en général, je ne le regrette pas. Et puis, même si les images ont assez mal vieilli, ça leur donne un petit côté psychédélique qui colle bien avec la musique de Muse. Donc oui, accompagner Dream sur Terre, dans les Enfers et le monde des rêves à grands coups de « You and I must fight to surviiiiive », ça me va.

EXPÉRIENCE N°5 : ÂMES PERDUES DE POPPY Z. BRITE AVEC ULTRAVIOLENCE DE LANA DEL REY

Nous y voilà. Je n’ai pas encore fini ce roman (bientôt, bientôt) et je suis toujours en plein dedans. Je ne l’ai pas lu intégralement accompagné de musique, loin de là. Si j’avais choisi un album pour continuer ma lecture, ça aurait plutôt été Adore des Smashing Pumpkins. (Je sais que The Cure et Bauhaus sont cités un nombre incalculable de fois au cours du bouquin, mais ne poussons pas le cliché trop loin, voulez-vous ?)

Pendant que j’étais occupée à lire le livre de Poppy Z. Brite, quelqu’un a mis Ultraviolence de Lana Del Rey. C’est un album cinématographique, avec une vraie unité de ton, qui a très bien accompagné ma lecture. Mine de rien, c’est un album sombre et mélancolique écrit par une (encore) jeune femme. Entendre le spleen de la demoiselle en lisant la révélation des origines du vampire Nothing a eu un effet certain. Je n’avais jamais entendu l’album auparavant et c’était sans doute le meilleur moyen de le découvrir : installée dans un fauteuil avec ce bouquin dans les mains.

Read Full Post »