Extrait du Journal de ***
17 Juillet 1954
Je l’ai revue hier soir. Je l’ai approchée plus près que je n’aurais jamais cru le faire. C’était une grande nuit ! Peu importe qui lira ces lignes, quand, et j’ignore même si ce carnet sera découvert. Qui que soit mon lecteur, il ne pourra s’imaginer un seul instant l’émotion que j’ai ressentie. Pas une seconde.
Elle se tenait droite, blanche et figée, une statue vivante. Les longs rouleaux de ses cheveux roux tombaient, harmonieux, irréels, jusqu’à ses épaules. Elle portait une robe noire, en velours. J’aurais aimé la toucher mais c’eût été, je crois, commettre un sacrilège. Toucher la déesse. Je n’ai pas bougé. Je l’ai simplement regardée, elle qui ne me voyait pas, ou feignait de ne pas me voir.
Elle ne pouvait ignorer ma présence, cependant. Je la suis depuis trop longtemps. Je connais le cimetière où elle passe ses jours, et le caveau qui abrite sa pâleur d’outre-tombe. Je connais ses victimes et je n’en dit rien.
Je connais mon vampire.
Les dernières volutes fumée de la cigarette ont disparu dans l’air du soir. Quel peut être son âge ? Je l’ignore. Un siècle, sans aucun doute, peut-être davantage.
Parfois, je songe à tout ce que ses yeux impénétrables ont pu voir. Les passions, les crépuscules, les meurtres auxquels ils ont assisté. De loin, le plus souvent.
Elle va m’être fatale. C’est ce que vous pensez, lecteur, ne vous en cachez pas… Votre reproche me fait sourire. Elle me sera fatale. Elle me sera fatale car je le veux. Je l’ai suivie durant des semaines, des mois… Je ne compte plus les nuits. Quelle importance ?
Je vais probablement m’empoisonner en effleurant les pétales de la fleur vénéneuse. Sa peau blanchie et polie par les âges. Ma maléfique déesse.
Mais j’irai la retrouver. La nuit prochaine, je traverserai la rue. Je fendrai les ténèbres à sa rencontre. Il se peut qu’elle prenne ma vie. Il se peut qu’elle goûte quelque gouttes du liquide sombre qui m’anime, par un malicieux caprice.
Il se peut qu’elle fasse de moi l’alter ego de ses nuits.
Peu importe : je la trouverai.
Elle va m’être fatale.
Viens.
j’aime beaucoup ce récit !
voici les miens dans le meme genre ^^
http://plumedamethyste.wordpress.com/2014/04/29/when-all-those-shadows-almost-kill-your-light-taylor-swift-recit-fictif/
http://plumedamethyste.wordpress.com/2013/07/20/dialogue-avec-un-vampire/
bonne lecture 🙂
Ameth
Merci ! Je vais les lire avec plaisir. 🙂